Les Maisons Familiales Rurales




Les Maisons familiales rurales d'aujourd'hui sont l’aboutissement d’une expérience originale conduite dans un village du Lot-et-Garonne dans le Sud-Ouest de la France en 1935. Cette année-là, quelques agriculteurs syndicalistes inventent une formation adaptée pour compenser un système scolaire classique qui ne répond pas aux besoins de leurs enfants et de leur métier. L’initiative est un succès et engendre rapidement de nombreuses demandes.


Une histoire née d'une initiative locale

Deux ans après, en 1937, plusieurs familles intéressées et motivées se réunissent en assemblée générale et décident d’acheter un bâtiment pour y installer leur « école ». Ils se groupent en association, en prennent la responsabilité, embauche un formateur : la première Maison familiale est ainsi née.
A la Libération, l’institution bénéficie d’une reconnaissance et d’une subvention du ministère de l’Agriculture.
En 1945 également, les Maisons familiales affirment leur indépendance vis-à-vis de l’État et de l’Église : les familles, seules, en dernière analyse, constituent le socle du mouvement.
Dans les années 1950, elles formalisent une pédagogie novatrice autour de l’alternance scolaire, largement ignorée et décriée à cette époque. Elles se développent rapidement dans le monde paysan d’abord. Les lois de 1984 sur l’enseignement agricole reconnaissent, après bien des combats, leurs choix associatifs et pédagogiques.
Puis elles appliquent les mêmes principes au secteur de l’artisanat, du commerce, des services à la personne et dans de nombreux métiers en ouvrant des centres de formation d’apprentis en relation avec les conseils régionaux.


Un mouvement associatif

La caractéristique principale des Maisons familiales rurales est d’être à la fois un mouvement associatif familial ancré dans les territoires et dans le tissu social, économique et culturel et à la fois un mouvement éducatif.
Dans un contexte différent, le mouvement poursuit les mêmes orientation des parents qui se sont associés pour créer la première Maison familiale : impliquer les familles dans l’éducation de leurs fils ou de leurs filles, travailler en partenariat avec des professionnels pour répondre à l’évolution des métiers, donner une formation à chaque jeune, favoriser son insertion sociale et professionnelle, participer au développement des territoires.
Juridiquement, chaque Maison familiale rurale repose sur une association familiale qui pourrait s’apparenter à « une coopérative familiale ». Les membres sont majoritairement les parents qui ont inscrits leurs enfants dans une formation mais aussi des professionnels, des responsables ou des élus qui souhaitent militer pour le bénéfice du plus grand nombre. Cet engagement associatif local est la pierre angulaire du mouvement.
Ces adhérents élisent, en assemblée générale, un conseil d’administration, véritable organe exécutif de l’association. Les Maisons familiales sont de fait un parfait exemple de démocratie participative et d’engagement collectif au travers desquels les initiatives de terrain s’expriment et peuvent remplir des missions d’intérêt général et de service public.


Un mouvement éducatif

Les Maisons familiales rurales vont, peu à peu au cours de leur histoire, concevoir un système éducatif qui permet d’appréhender les personnes en formation dans toutes leurs dimensions.
Après avoir mis en œuvre, les premières années, de façon empirique, une alternance de stages et de séjours à l’école, elles vont préciser leur approche pédagogique largement inspirée des théories de « l’École nouvelle » dans le sens où les apprentissages, avant d'être une accumulation de connaissances, doivent être, pour elles, un facteur de développement global des individus.
Elles s’appuient, pour atteindre ces objectifs, sur les expérience en situation professionnelle en vraie grandeur, des activités pédagogiques permettant de lier les temps en milieu professionnel et familial et les temps à l’école, une formation professionnelle et une formation générale étroitement associée, la prise en compte de l’environnement des personnes, la production de savoirs, la valorisation de tous les talents, l’absence de compétition et de sélection scolaire…
Ainsi, modèle alternatif à l’institution scolaire traditionnelle, les Maisons familiales rurales démontrent largement qu’il est possible de concevoir un système de formation qui réunit l’univers de l’école et les espaces familiaux, professionnels et culturels.
Tout cela n’aurait pas été possible sans l’invention d’une pédagogie adaptée : l’alternance. Mais l’alternance n’est pas une formule magique ou un simple slogan. Elle nécessite d’associer, dans une même dynamique éducative, différents lieux qui trop souvent s’ignorent, la famille, les loisirs, l’école, le monde du travail, et d’avoir la volonté de mobiliser, hors et dans l’école, autour du même but, tous les adultes que rencontre un jeune au cours de son projet de formation.


Un mouvement reconnu

Toutes les Maisons familiales rurales ont un statut associatif identique, une même vision de l’éducation et la même pratique de la pédagogie de l’alternance. Par contre, elles réalisent leurs formations dans des cadres juridiques variés selon la nature des qualifications ou le public auquel elles s’adressent.


Un mouvement structuré

Les Maisons familiales rurales, émanations de groupements de base, ont un statut associatif qui traduit l’engagement des parents dans l’éducation de leurs enfants. Tout en recherchant le soutien financier et moral de l’État et des collectivités sans qui elles ne pourraient pas fonctionner, elles revendiquent cette liberté associative où s’expriment leurs capacités d’initiative. En conséquence, le mouvement repose sur un double choix :

  • D’une part, une forte autonomie de chaque association pleinement responsable de ses projets et de sa gestion financière.
  • D’autre part, une cohérence institutionnelle grâce à quelques outils communs : les mêmes statuts-types pour toutes les MFR, une convention collective nationale pour leurs salariés, une formation pédagogique obligatoire pour les moniteurs, l’adhésion directe de chaque association à l’Union nationale.

Ce choix s’accompagne de la volonté de disposer de structures fédérales aussi légères que possibles :

  • Des Fédérations départementales ou territoriales, lieu de rencontre, de partage et d’échange, qui assurent un accompagnement de proximité.
  • Des Fédérations régionales qui avec la décentralisation et les compétences dévolues aux régions jouent un rôle clé en matière de négociations et de relations avec les services administratifs, les élus, les organisations professionnelles.